La majorité des emprunteurs souscrivent une assurance pour leur prêt à la consommation. Une couverture facultative et dont l’intérêt peut s’avérer limité.
Une habitude bien ancrée chez l’emprunteur
En effet, un ménage sur 4 a fait au moins un prêt à la consommation en 2018, soit près de 8 millions de foyers, d’après le dernier Observatoire des crédits aux ménages de la Fédération bancaire française. Parmi eux, plus de la moitié ont en parallèle également pris une assurance emprunteur. Une proportion qui peut sembler élevée. Si l’assurance emprunteur est incontournable dans le cadre d’un prêt immobilier, elle est facultative pour un crédit à la consommation (prêt travaux, personnel, auto ou encore renouvelable).
C’est justement ce lien étroit entre crédit et assurance lors d’un achat immobilier qui explique le taux de souscription élevé de l’assurance emprunteur pour les crédits conso. En effet, la majorité des Français sont propriétaires de leur logement. Or, pour obtenir un prêt immobilier, la banque demande systématiquement une assurance emprunteur. Les Français sont donc habitués à s’assurer lorsqu’ils empruntent.
Une assurance qui rassure
Il faut dire que cette couverture est largement présente dans le discours commercial. Que le prêt conso ait été souscrit en ligne, avec son banquier, chez un concessionnaire auto ou une enseigne de grande distribution, ou encore dans une agence d’un établissement de crédit spécialisé (type Sofinco ou Cofidis…), il est le plus souvent conseillé à l’emprunteur de prendre cette assurance.
Effectivement, quel emprunteur n’est pas un minimum inquiet à l’idée de ne plus gagner suffisamment pour rembourser son crédit ? Dans le détail, cette couverture intègre au moins 3 garanties : le décès, la perte totale et irréversible d’autonomie (PTIA) et l’incapacité temporaire totale de travail (ITT). Dans le cadre de la garantie PTIA, l’assureur prend en charge les mensualités si l’emprunteur ne peut exercer une quelconque profession pour le reste de sa vie. En ce qui concerne l’ITT, la couverture dure tant que la personne est dans l’incapacité de continuer son activité professionnelle. Une fois qu’il retourne au travail, l’assureur ne lui demande pas de rembourser les mensualités payées à sa place. Les échéances reprennent comme avant l’ITT.
Des garanties parfois difficiles à faire jouer
Mais attention aux restrictions et cas d’exclusion qui peuvent complexifier l’activation de ces couvertures. Les contrats d’assurance définissent toujours très précisément les circonstances qui permettent de faire jouer la prise en charge des mensualités. Ainsi, pour que l’assureur reconnaisse la perte totale d’autonomie, il est souvent nécessaire que l’emprunteur ait recours aux services d’une tierce personne pour l’aider dans sa vie quotidienne. Qui plus est, les circonstances de l’accident ou du décès sont aussi scrutées par la compagnie d’assurance. Par exemple, les sinistres sous l’emprise de l’alcool, à la suite de la pratique de certains sports (alpinisme, parachutisme…) ou de professions jugées à risque (pompier, marin, cascadeur ou encore convoyeur de fonds) ne sont pas couverts. Les incapacités liées à une dépression ou une affection psychiatrique sont également exclues.
La garantie « perte d’emploi » : la plus facultative
Sur option, les assurances emprunteur peuvent également couvrir la perte d’emploi. Là encore, derrière cette expression vague se cache une définition très précise. Dans ce cadre, l’assureur se substitue à l’emprunteur uniquement si celui-ci était auparavant salarié en contrat à durée indéterminée. De plus, il doit avoir été licencié et percevoir à ce titre une allocation chômage. De fait, les personnes en CDD, ou dont l’employeur a mis fin au contrat durant la période d’essai, ou ayant démissionné, ou encore ne pouvant prétendre à une indemnisation de Pôle Emploi ne peuvent faire jouer cette garantie.
De plus, l’assurance emprunteur ne s’active pas immédiatement. Hors décès, une franchise de 30 à 90 jours est appliquée. Pendant cette période qui peut donc atteindre 3 mois, donc 3 mensualités de crédit, l’emprunteur devra rembourser par ses propres moyens le prêt conso. En outre, s’agissant de la garantie perte d’emploi, celle-ci n’est acquise qu’après une période de carence, de 6 mois en principe.
Faut-il souscrire ? Un rapport coût-risque à analyser
Pour quel prix ? En fonction de la souscription ou non de la garantie perte d’emploi et de l’enseigne, l’assurance est facturée entre 0,10% et 0,30% du montant du crédit. Ce n’est pas que l’assurance emprunteur pour un prêt conso ne sert à rien ou qu’elle est très onéreuse, mais, contrairement à un emprunt immobilier, son coût rapporté au risque fait qu’elle est rarement nécessaire.
Dans le cadre d’un prêt immobilier, les sommes en jeu sont très élevées. L’emprunt moyen atteint 170 000 euros en 2018, d’après l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR). Et la durée de remboursement prévue initialement varie de 20 à 25 ans le plus fréquemment. D’où le fait que les banques conditionnent l’octroi du prêt à la souscription d’une assurance. Toutefois, dans le cadre d’un crédit conso, les montants en jeu et la durée d’emprunt ne sont pas les mêmes. D’après le portrait-robot dressé par Cofidis en 2018, les Français empruntent en moyenne 8 600 euros (pour un maximum de 75 000 euros) tous types de crédits conso confondus.
Ici encore, le devoir de conseil d’un IOBSP prend toute sa valeur et la qualité de sa formation facilitera son diagnostic. En analysant avec son client ses réels besoins, il pourra proposer et expliquer la bonne solution combinant un risque maitrisé avec un coût optimisé.