Comme convenu sur mon dernier article, il est l’heure d’évoquer l’importance de la mise en place d’une session pilote (avant la généralisation d’une action de formation). Votre module est conçu, les activités, les différentes méthodes pédagogiques utilisées et la proportion théorie/pratique sont bien en place. Mais l’efficacité recherchée sera-t-elle au rendez-vous ? Est-on passé à côté d’un élément essentiel ? Certains exercices sont-ils trop compliqués ? Ou est-ce la consigne qui est à revoir ? Les mises en pratique participent-elles bien à l’impact escompté ? La session pilote répond, entre autres, à ces questions.
La mise en place de la session pilote :
La session pilote va venir valider les jours, voire les semaines de travail de conception. Quoi de mieux qu’un test en situation réelle (avec de vrais apprenants) sur lequel nous pourrons nous appuyer pour valider le contenu de formation ou y apporter de potentiels réajustements avant de lancer complètement le dispositif.
Bien plus qu’un entrainement, la session pilote est un laboratoire ; car la formation est bien analysée au microscope.
Mon conseil : Soyez transparents auprès du public de la session pilote : il est judicieux de les informer de leur situation de « cobaye » (le terme n’est pas péjoratif, hein !), et que leur avis sur la session est très important pour vous. Leurs retours, quand nous les solliciterons sur leur perception, n’en seront que plus nombreux… Et cela constituera une mine d’or pour vous.
Les retours des stagiaires, c’est l’essence même de la session pilote. Ils doivent être, suite à la formation, minutieusement analysés. Et donc, pendant la formation, minutieusement scrutés. Ah oui, j’oubliais… scrutés par qui, d’ailleurs ? Et bien par vous-même (qui animez la session), mais aussi par un observateur qui vous aidera à débriefer la session. En effet, vous vous occupez déjà de vos stagiaires, et cela représente une masse de travail conséquente ; donc une aide pour l’analyse sur le module en lui-même n’est pas du luxe !
Mon conseil : Vous, et ce fameux observateur, devez avoir été impliqués dans la conception du module. C’est une quasi-nécessité dans le cadre de futures « retouches » sur des séquences de formation mises en place par vous-même.
Le déroulé de la session pilote :
C’est parti ! la session pilote est lancée. Pour tester et contrôler l’efficacité du module de formation, voici les éléments d’analyse qui vont faire l’objet de toute votre attention et de celle de l’observateur :
Le contenu (les informations transmises sont-elles bien en adéquation avec l‘analyse des besoins en formation ?)
La dispense (les méthodes et activités s’articulent-elles correctement et sont-elles, surtout, en phase avec les objectifs pédagogiques ?)
La gestion du temps (le timing est-il suffisant et approprié à chaque activité ?)
Les réactions (Comment les stagiaires réagissent-ils : en s’engageant ? en faisant de l’opposition ? en participant ?)
L’efficacité globale du programme de formation (le programme est-il approprié pour constater un changement de comportement ?)
Le formateur et l’observateur doivent, et c’est l’objectif prioritaire de la session pilote, trouver les séquences de formation efficientes et celles nécessitant un renforcement de leur pertinence.
Mon conseil : Le formateur qui anime la session pilote doit être expérimenté. En effet, il est impératif d’être minutieux et d’avoir un œil aiguisé pour la collecte des informations pertinentes apportant des changements stratégiques sur : le contenu, les sujets, les outils, les équipements, les astuces techniques, les activités.
L’après session pilote :
Même expérimenté et aguerri, un formateur ne peut pas retenir tout de tête et tout seul. Et il peut encore moins savoir tout ce qui se passe dans les têtes des apprenants. C’est la raison pour laquelle il apparait comme inévitable de formaliser les éléments récoltés.
Dans un premier temps, faites parler vos stagiaires.
Mon conseil : Faites-leur remplir un formulaire d’évaluation spécifique pour leur permettre de se concentrer sur les questions essentielles (celles visant leurs ressentis) : Leur opinion générale, l’utilité des concepts et compétences dans leur travail, la clarté du contenu, le rythme, les activités et les exercices…et d’autres commentaires généraux sur la formation.
Ensuite, l’animateur et l’observateur matérialisent leurs feed-back sur un autre formulaire où sont consignés les fruits de leurs remarques, commentaires, conclusions, et préconisations.
Et enfin, ce qui doit être modifié, changé, rajouté ou supprimé doit être noté dans un nouveau document afin de ne rien oublier au niveau des améliorations possibles détectées. C’est ce que nous appelons la révision du matériel pédagogique.
Conclusion : On connait tous les « poissons pilotes » qui accompagnent souvent les grands prédateurs marins comme le requin. Ils ne les guident pas, comme on le pensait autrefois, mais profitent de l’onde de proue créée par la nage de ces derniers. En formation, c’est similaire : le bon développement de la formation à grande échelle va bénéficier de l’onde de proue créée par la session pilote !