Après environ 5 mois d’application du RGPD, et des nouveaux scandales sur la récupération de données (500 000 utilisateurs de Google+ pourraient avoir eu leurs données récupérées), il est clair que nos données valent de l’or pour beaucoup d’organisme. Le Shiru Café, enseigne japonaise, l’a bien compris.
Give me your données !
Shiru Café nous vient du Japon, chaîne appartenant au groupe Enrission Inc. Le concept ? Les boissons sont gratuites et directement financées par des entreprises sponsors (comme Microsoft, Nissan ou Suzuki). Ces cafés ne sont accessibles qu’aux étudiants ou au personnel universitaire.
Pour pouvoir commander une boisson, l’étudiant doit s’inscrire sur leur application. Lors de cette inscription, ils indiquent des informations comme nom, prénom, adresse e-mail, numéro de téléphone, intérêt, etc.
En échange de ces boissons gratuites, les étudiants reçoivent régulièrement des publicités ciblées, des sondages, des invitations à installer/utiliser tel ou tel application. De même, à l’intérieur du café, diffusées sur plusieurs écrans, il y a des publicités/présentations des entreprises partenaires. Même les gobelets peuvent être décorés au nom du sponsor.
Si c’est gratuit ….
…..C’est vous le produit ! Vous connaissez forcément cette expression. Bien que l’approche du Shiru Café est présentée comme une opportunité d’échange entre étudiant et entreprise, dont le but est de leur permettre de mieux comprendre le monde professionnel, le vrai gagnant est plutôt le sponsor. En dehors de l’intérêt pur pour la récupération d’un grand nombre de données, les étudiants servent aussi de cobayes, pardon, de testeurs pour des nouveaux produits ou des nouvelles campagnes.
Un autre élément laisse songeur : la mise à disposition d’espace de travail et d’un accès à internet (gratuit). Dans quelle mesure les données qui transitent via leur Wifi sont récupérées ? Même si anonymisées, étant donné les informations collectées directement auprès des étudiants eux-même, il peut être relativement facile de retrouver l’identité d’un étudiant et ainsi aller encore plus loin dans l’édition d’un profil. Sans sombrer dans la paranoïa, le traitement de ces données restent un grand mystère.
Shiru Café est présent au Japon, en Inde et aux USA. Pays qui sont moins regardants que l’Europe sur la gestion des données personnelles, véritable mine d’or pour les entreprises d’aujourd’hui. Avec la sensibilisation faites aux internautes et les différents scandales récents des médias sociaux, le tout venant comprend que ces données sont monétisables.
Allons nous vers l’émergence d’un nouveau modèle économique ? Rien n’est moins sûr …
C’est un modèle qui peut prendre dans certains pays, mais pas nécessairement partout, d’autant que dans nos contrées, un certain nombre de règlementations viendraient strictement encadrer la chose ;).
J’ose espérer que ce n’est pas un modèle économique qui va se généraliser, car il alimente effectivement d’énormes systèmes d’analyses comportementales, de ciblage, qui vont au dela de ce que les personnes acceptent, et qui perdure, une fois qu’elles sont sorties dudit café, une fois qu’elles sont sur le Net, ailleurs…