Le docteur en psychologie clinique Marshall Rosenberg s’est éteint le 7 février 2015. Il nous laisse un formidable héritage qui a inspiré et inspire encore beaucoup de personnes et de projets de changement social partout dans le monde et dans tous les milieux. L’objectif est de renforcer notre capacité à améliorer notre relation à autrui et à résoudre les différends dans un esprit de bienveillance. Selon lui, nous avons tous en nous « ce pouvoir immense de rendre la vie des autres merveilleuse ».
Voici une de ses conférences sur la communication non-violente résumée en quelques lignes (exercice très complexe, vous l’avez deviné, tant l’intégralité de ses propos est un énorme cadeau qu’il nous a légué).
La conférence de Marshall Rosenberg est découpée en 4 parties / étapes du processus :
- Faire des observations sans jugement et exprimer ce qu’on ressent
- Préciser les besoins à l’origine de ces sentiments
- Faire une demande précise et concrète ; et entendre les autres avec empathie
- Exprimer et recevoir la gratitude
Une des bases de la théorie de Marshall Rosenberg : « Les jugements que nous portons sur les autres sont l’expression tragique de nos besoins non satisfaits ».
Il met en place des exercices concrets avec son auditoire concernant les 3 premiers points ci-dessus :
Concernant le point 1), il demande à chacun des participants de noter une action, un comportement concret qu’ils n’ont pas aimé chez autrui. Je dis bien concret car il faut éviter de rentrer dans un jugement, un diagnostic, une opinion. Marshall Rosenberg cite d’ailleurs le philosophe indien Jiddu Krishnamurti : « Observer sans évaluer est la plus haute forme d’intelligence humaine ».
Ensuite, il demande d’y apposer un sentiment : attention, « je me sens trahi, manipulé, jugé ou offensé » ne sont pas ici des sentiments mais des « évaluations cachées ».
L’exercice se poursuit dans la partie 2) où il invite à noter notre besoin (« Quand tu fais (…), je me sens (…) parce que j’ai besoin de (…)). En effet, derrière chaque émotion et sentiment se cache un besoin.
Enfin, pour le point 3), il aide l’assemblée avec un début de phrase à compléter : « Je voudrais que tu fasses (…) ». Sur ce point, il est important que la personne le prenne comme une requête et non une exigence. Et l’exercice se poursuit avec : « Quelle est la réponse que vous recevez ? » : une manière de vérifier le bien-fondé de la communication non-violente.
Pour qu’une prise de conscience s’opère, il se sert de marionnettes à l’effigie « chacal » (pour schématiser la communication violente) et à l’effigie « girafe » (pour guider les personnes vers ce qu’il appelle le « don naturel » ou le « langage du cœur »). Car, à la base, nous sommes programmés pour utiliser la communication non violente (« L’objectif de la communication non violente est de vous aider à faire quelque chose que vous savez déjà faire ! ») ; mais ce « don naturel » a été malheureusement vicié par des jugements issus d’une morale (« Nous avons été éduqués à l’oublier ») pour jouer à un jeu violent et dangereux qu’est le « Qui a tort, qui a raison ».
Le point 4) consiste à exprimer la gratitude dans un langage « girafe ».
3 étapes sont nécessaires :
- D’abord, attirer l’attention de l’autre personne de manière concrète et factuelle sur ce qu’elle a fait pour rendre notre vie meilleure.
- Puis, exprimer nos sentiments par rapport à ce que la personne a fait pour nous.
- Dernière étape : Evoquer en quoi cela a nourri votre besoin.
Le mieux est de vous donner l’exemple de Marshall Rosenberg : une personne voulant exprimer de la gratitude à son encontre est venue le voir en fin de conférence en lui disant : « Vous êtes brillant, intelligent ». Mais l’impact n’a pas été celui souhaité car c’est un jugement de la personne (« Les jugements positifs sont aussi violents que les jugements négatifs »).
Voici la bonne expression de la gratitude qu’il a réussi à faire sortir de la bouche de la dame : « J’ai noté deux phrases importantes sur mon carnet que vous avez dites. Ça me fait sentir pleine d’espoir et soulagée car cela nourrit mon besoin de connexion avec mon fils ». Entrainez-vous à dire merci en girafe et vous constaterez par vous-même les bienfaits d’utiliser cette technique.
Pour terminer, voici une application concrète de tout ce que vous venez de lire (citée également dans la conférence) :
Le cas : Une femme dit qu’elle est anxieuse d’aller voir sa mère car celle-ci planifie tous les détails quand elle est chez elle. Et elle aimerait que sa mère la laisse tranquille.
L’expression en communication non violente = « J’imagine que quand tu interviens en me montrant toutes les choses qui peuvent être faites, tu as vraiment à cœur de m’apporter tout ton soutien pour que je puisse apprécier mon séjour ici. Et c’est important pour toi que tu contribues à ce que j’ai du bon temps ici. (= empathie). Je me sens partagé : d’un côté, je ressens de la gratitude pour tout ce que tu fais maman, mais j’ai un besoin de prendre mes propres décisions et je pense que c’est dur pour quelqu’un d’autre de savoir ce dont j’ai besoin. Et j’ai besoin d’espace pour le faire. (Par exemple aller faire du cheval quand j’en ai envie). Tu peux me dire ce que tu as compris de mes besoins ? »
La pratique participant à l’accoutumance, tentez d’actionner votre mode « girafe » au prochain différend que vous allez rencontrer… C’est une partie de ce que nous proposons au sein de notre formation « Le Management bienveillant » sur laquelle vous pouvez vous renseigner ici.
« On a le choix dans notre vie entre être heureux et avoir raison » Marshall Rosenberg.