Pourquoi faire compliqué : Etre intelligent émotionnellement, c’est avoir des compétences émotionnelles… Alors oui, mais lesquelles ? Après la consultation du modèle de David Goleman (que celui-ci a retravaillé en 1998 en l’appliquant au monde du travail), et le (re)visionnage du film « Million dollar baby » sorti en 2004, je vous propose un parallèle entre les deux afin de favoriser la compréhension de cette notion d’intelligence émotionnelle. Cet article contient des répliques du film que ceux qui l’ont vu vont reconnaître. Pour les autres, déjà, je vous le recommande, et, promis, je vais tenter de ne pas vous spoiler :).
Les 5 composantes selon D.Goleman
1) La conscience de soi :
Il s’agit de posséder la capacité à comprendre ses émotions, à connaitre et assumer ses propres points sensibles. Une personne émotionnellement intelligente va se rappeler des moments difficiles (souvenirs douloureux, embarrassants) sans revivre la même émotion et la gêne ou crispation qu’elle a engendrée. C’est la faculté à s’auto-évaluer judicieusement au niveau des émotions ressenties. « Million dollar baby » retrace l’histoire d’un entraîneur de boxe (Clint Eastwood) qui s’est replié sur lui-même suite au rejet de sa fille ; et qui vit dans un désert affectif en évitant toute relation qui pourrait accroître sa douleur et sa culpabilité. Sa rencontre avec une boxeuse déterminée mais inexpérimentée (Hilary Swank jouant le rôle de Maggie Fitzgerald) va constituer une tempête émotionnelle chez lui. Il a du mal à passer outre ses difficultés à renouer le contact avec sa fille, et cela le ronge : « Quelquefois, il n’y a rien à faire, la plaie est trop ouverte, trop profonde, une veine éclatée (…) ». Mais n’y a-t-il vraiment rien à faire ?
2) La maîtrise de soi :
C’est la partie « contrôle » de l’intelligence émotionnelle : contrôle de ses pulsions et de ses humeurs perturbatrices. Vous possédez cette composante si vous savez gérer votre stress. Le niveau optimal de stress assure un bon équilibre émotionnel. « Ce n’est pas le stress qui nous fait tomber, c’est la façon dont nous répondons aux situations de stress » selon Wayde Goodall. Concernant le film, plus celui-ci avance, et plus Clint Eastwood tente de contrôler ses émotions ; notamment dans le fait qu’il « ne manage pas les filles ». Même Morgan Freeman, un autre personnage clé qui travaille dans la salle de sport, le remarque : « Tu fais des progrès, je vois ; tu exprimes tes émotions, c’est bien ! ». Frankie Dunn (Clint) dit même à sa boxeuse : « Tu m’as ! en attendant qu’on te trouve un bon manager ».
3) La motivation :
Dans le film, c’est surtout l’apanage d’Hilary Swank. Elle fait preuve de motivation à devenir une grande championne, voire de forte détermination. Elle ne déraille pas de l’objectif qu’elle s’est fixé et le poursuit avec énergie et persistance, quitte à irriter son entraîneur. Elle est ouverte, disponible, avide de conseils, a envie d’apprendre, et est optimiste à l’épreuve des échecs. Qualités essentielles d’un manager efficace, non ? Quelques répliques du film mettant cette motivation en avant : « Je perds jamais espoir » ; « Tous les conseils sont bienvenus » ; « Si vous m’entrainez, je suis partie pour être championne ».
Client Eastwood, à l’inverse, est plutôt fataliste, pessimiste, marqué par la vie (« (…) peut-être qu’il n’avait rien au fond du cœur »). On ne le voit motivé que lorsqu’il se consacre pleinement à son nouveau poulain.
4) L’empathie :
Voilà la capacité à comprendre la structure émotionnelle des autres. Cette qualité requiert de se mettre à la portée d’autrui, de s’adapter à lui, de l’aider à sortir de la situation où il se trouve. C’est l’habileté à traiter les personnes en fonction de leurs réactions émotionnelles dont, il faut l’avouer, Clint Eastwood n’est pas le porte-drapeau dans le film (« Tu as un pois chiche à la place du cœur »). On ne peut pas dire qu’il excelle dans le fait d’employer des mots rassurants, des paroles émotionnellement riches avec un ton adapté. Morgan Freeman, lui, en fait preuve, notamment lorsqu’il s’adresse à un boxeur un peu simple d’esprit (« Terreur ») : « On n’est jamais trop bête quand on se pose des questions » ou « On a tous perdu un combat, tu t’en remettras. Un jour, tu seras champion du monde ».
5) Les aptitudes sociales :
Pauvre Clint, c’est sûrement la composante qui lui fait le plus défaut au début du film. En effet, même un prêtre le traite de « salopard de mécréant ». Les personnes émotionnellement intelligentes sont bien entraînées à manifester les émotions d’une façon qui leur permet de faire passer un message efficacement. Elles sont habiles dans la gestion des relations et ont une capacité à trouver des points communs et de construire des liens. En management, nous associons cette composante au leadership. Le leader est réellement centré vers les personnes, et il sait fédérer son équipe autour de lui et ses idées.
Les progrès de Client Eastwood dans le film sont néanmoins palpables : « La règle d’or : te protéger tout le temps, quoi qu’il arrive », « Tu as un combat dont tu m’as pas parlé ? », ou, enfin, la signification de « MACUSHLA », mot gaélique qu’il fait broder sur le peignoir de Maggie (Hilary Swank), et dont je laisse découvrir la signification à ceux qui n’ont pas vu le film.
Ces composantes de l’intelligence émotionnelle sont autant de qualités qu’un manager aurait bon ton de posséder. Si vous souhaitez apporter à vos managers un renfort sur le leadership, le management, voire la bienveillance vis-à-vis de son approche avec son équipe, nous serons ravis d’échanger avec vous sur les possibilités de formations les plus adaptées à votre contexte.