Comment une vieille idée peut devenir un moteur de croissance et de fidélisation.

fidélisation

Pour faire face à une concurrence féroce entre les majors de la grande distribution et de plus en plus d’internet (Amazon Prime ou Pantry par exemple), les acteurs historiques du secteur doivent faire preuve d’imagination pour ne pas se retrouver dans une posture difficile comme l’enseigne Carrefour.

Le groupe Casino, après une première tentative dans le micro-crédit avec sa filiale Cdiscount, souhaite relancer le bon vieux système de l’ardoise avec ses supermarchés Casino.

L’ardoise 2.0

En effet, depuis le 30 avril, l’enseigne propose à ses fidèles clients de payer leurs courses en plusieurs fois ou même plus tard, et cela, dès 20 € d’achat. Payer son beurre et ses biscottes à crédit, c’est le concept oublié de l’ardoise qui refait surface.

Cette idée part d’un constat simple et, hélas, généralisé : la fin du mois arrive de plus en plus tôt. Un signe qui ne trompe pas puisqu’effectivement, on estime qu’un Français sur cinq est « dans le rouge » pendant cette période. La conséquence est directe pour l’enseigne avec une baisse de 10% du chiffre d’affaire de ses magasins de proximité.

Le principe a été adapté aux moyens modernes et passe désormais par une application téléchargeable sur son mobile et baptisée Casino Max. Cette « ardoise numérique » permet au client, dès 20 € d’achats, de payer le mois suivant, à la date de son choix, voire de régler en plusieurs fois, à partir de 50 € cette fois. Ces facilités s’appliquent sur les paniers jusqu’à 300 € et le service est gratuit.

Une innovation dans la tendance

Payer une table de cuisson ou un salon de jardin en quatre fois, c’est courant, mais des paquets de pâtes ou des carottes…

C’est en cela que la proposition de Casino est nouvelle, car elle cible l’alimentaire. Si les Carrefour et autres Leclerc proposent déjà des cartes de crédit assorties de paiements différés ou en plusieurs fois, les montants nécessaires pour pouvoir bénéficier de ces facilités restent souvent supérieurs à 100 euros.

Le paiement fractionné devenant la norme dans le e-commerce pour l’achat des biens durables, il n’est pas étonnant dans ce contexte que le crédit se développe, sous toutes ses formes. En particulier, le paiement en 3, 4 ou 6 fois est plébiscité par les consommateurs. Sur le site marchand Cdiscount, 45 % des clients règlent en plusieurs fois leurs achats de produits d’équipement pour la maison ; même les géants chinois de l’e-commerce ont fait de ces souplesses de paiement, une spécialité.crédit

Une innovation qui pose question

« Faire un parallèle entre dépenses d’équipement et dépenses alimentaires est dangereux car si acheter un réfrigérateur reste exceptionnel, en revanche on mange tous les jours », pointe Serge Maître, président de l’AFUB (Association Française des Usagers des Banques). Lorsque le client devra payer un mois plus tard, ce montant se cumulera avec d’autres dépenses avec le risque de l’endettement. Or ce sont ceux qui sont à l’euro près qui vont l’utiliser.

Pour désamorcer tout risque de polémique, l’enseigne se défend de vouloir mettre ses clients en difficulté et précise que seront éligibles à ces facilités de paiement les clients ayant déjà un historique d’achats chez Casino avec leur carte de fidélité. De plus, le service est totalement gratuit.

Dans un environnement économique difficile pour beaucoup de ménages et une lutte sans merci dans l’univers de la grande distribution spécialisée ou alimentaire, le groupe Casino met toutes les chances de son côté pour fidéliser ses clients. Cela passe par des services de facilité de paiement – un client même avec des fins de mois difficiles reste un client -, mais aussi par une alliance de son enseigne Monoprix avec LA référence du e-commerce et de l’expérience client à savoir Amazon.