La cohabitation anciennes et nouvelles génération : une utopie ?

Cohabitation

Les anciennes générations et les nouvelles ne se comprennent pas ; il est impossible de les faire collaborer ensemble (notamment professionnellement) ; les « jeunes » sont paresseux et ont le sentiment que tout leur est dû et les « vieux » sont has been. Non, non, et non ! Arrêtons de donner du grain à moudre aux idées reçues et aux journalistes créateurs d’articles sensationnels sur fond de conflit intergénérationnel. A force d’opposer les générations, on finit par passer à côté du principal : le dialogue permanent et l’apport réciproque. Dans un article précédent, j’écrivais que chacun peut et doit apporter à l’autre, quels que soient les âges. Est-ce que cela s’applique autant dans le monde du travail que la société en elle-même ? Evoquons aujourd’hui cette minimisation qu’est de parler de fossé générationnel, de lutte des âges et de fracture sociale, en remettant la collaboration, l’échange et le partage sur le devant de la scène.

Ne mettons pas tout (ou tout le monde) dans le même sac :

Déjà, que signifie le terme « générations » ?

Ne confondons pas générations et âges : c’est très réducteur. Le terme « générations » est saupoudré à toutes les sauces : on l’associe à la consommation d’un produit, d’un phénomène culturel, ou même d’une émission. Ce mot n’est donc plus vraiment signifiant. Plus on colle d’étiquettes à des personnes et plus on développe la notion de division (ce qui défavorise les rapports de réciprocité). L’expression « OK Boomer » en est l’illustration : on place dans la bouche de TOUS les jeunes un reproche à TOUTE la génération plus ancienne concernant la transmission de la planète (changement climatique, emploi, logement, retraite, …). Quelle énorme généralisation ! Et ce reproche (« Cause toujours, papi ») est assez violent et propice à l’affrontement. Allez dire à un représentant de « Green Peace » ou « Agir pour l’environnement » d’une cinquantaine d’années qu’il ne respecte pas la planète… Il répondra au jeune qui lui tancera cela que deux personnes d’un même âge n’ont pas forcément les mêmes idées et la même conception de la société, et qu’il est « trop englobant » de joindre toute une population à un malfait. En effet, l’appartenance à une même tranche d’âge ne comble pas forcément les séparatismes culturels. Comme le dit le journaliste et producteur Brice Couturier : « Il y a sans doute autant d’écologistes à cheveux blancs que parmi les millenials. ».

Certains diront que les conflits entre générations ont toujours existé et qu’il y a souvent, en marge d’un fait de société, des progressistes et des réactionnaires. Est-ce une raison pour cristalliser les perceptions, entretenir une forme de non-compréhension réciproque, et secouer le démon ?

Alors, ne rajoutons pas de l’huile sur le feu de l’invective, mais pensons plutôt à…

Que faire pour que toutes les générations cohabitent avec davantage d’harmonie ?

C’est LA question ! Et ce serait une aberration de ma part d’affirmer que la réponse est dans ce paragraphe. Autant répondre à la question : « Que faire pour améliorer le monde ? »…

Néanmoins, des fenêtres de changement ne demandent qu’à être ouvertes afin de passer au-delà des accusations réciproques, des critiques ou des procès. L’idée est donc de changer les mentalités en étant porté vers l’échange intellectuel : vaste programme !

Mais dans le monde professionnel, ce brassage commence à se développer avec un sujet dont je parle sur un article précédent : le mentorat inversé. Des binômes intergénérationnels se forment, le jeune apprend au sénior, et cette confrontation intellectuelle est ici bien présente et productive. Comme le révèle l’article d’« Imagine ton futur » consultable ici, de nombreuses entreprises l’ont déjà adopté : De Orange à IBM en passant par Danone ou SNCF, ces grands groupes ont trouvé le bénéfice du partage entre anciennes et nouvelles générations.

En terme de management aussi, le partenariat sera bonifié et les relations seront mutuellement avantageuses entre générations si des compromis sont effectués et si le manager développe le mixage des compétences. Par exemple, s’ils se voient confier des tâches qui leur donnent le sentiment d’avancer vers quelque chose, les millenials s’efforceront d’aider les générations plus anciennes à développer leur activité. Ces « petits riens » sont des « tout » pour arrêter de parler de noirceur de l’avenir et de fossé intergénérationnel qui s’agrandit.

Alors peut-être que vous trouverez ma phrase un peu « plan plan », mielleuse, ou « discours Miss France », mais mon côté optimiste me dit que plutôt que se chercher des adversaires ou des opposants, remettons le partage intergénérationnel, la communication, et le dialogue au premier plan. J  « Il n’existe pas de conflits de générations, il n’y a que de l’intolérance ». Renée Garneau.