Prêt immobilier : La galère pour les primo-accédants se confirme

Prêt immobilier

Malgré la révision mensuelle du taux d’usure, l’accès au crédit immobilier reste compliqué à cause de l’irrésistible hausse des taux d’intérêts en ce début 2023. Les premières victimes sont les primo-accédants, souvent des jeunes ménages en début de carrière professionnelle, dotés d’un faible apport personnel. Les banques renforcent leur vigilance sur ces profils qui peinent à obtenir le financement de leur projet immobilier.

Une hausse des taux d’emprunt ininterrompue

Amorcée au début de l’année 2022, la hausse des taux d’intérêts des crédits immobiliers n’en finit pas de faire parler d’elle au fil des mois. Pour bon nombre de candidats, les taux d’emprunt sont supérieurs à 3% en mars 2023 , même sur la durée classique de 20 ans. On est très loin du 1% encore observé début 2022 (hors assurance emprunteur et coût des sûretés).

Le renchérissement du crédit entraîne une chute du pouvoir d’achat immobilier en 2023. Même la Banque de France mesure les conséquences de la hausse brutale des taux d’emprunt. Entre décembre 2021 et janvier 2023, les ménages emprunteurs ont perdu 12 mètres carrés. De moins en moins de crédits à l’habitat sont distribués. Selon les derniers chiffres de l’Observatoire Crédit Logement/CSA, la production de prêts immobiliers a reculé de 40% sur un an en avril 2023, et le nombre de crédits accordés diminue quasiment dans les mêmes proportions. Selon la Fédération

bancaire française, le pourcentage de ménages détenteurs d’un prêt immobilier régresse, passant de 30,6% en 2021 à 30,1% en 2022.

Face aux difficultés d’accès au crédit immobilier, de nombreux ménages renoncent à leur projet. Les intentions de souscription reculent de près de 4% pour le premier semestre 2023, soit le niveau le plus bas depuis 25 ans.

Les primo-accédants en première ligne

Les premiers à subir cette situation sont les primo-accédants. L’accès au crédit immobilier reste problématique pour les jeunes trentenaires en raison du surcoût lié à la hausse des taux d’intérêts. Pour compenser cette hausse, les banques renforcent leur exigence d’apport personnel. Les professionnels du crédit ont observé un apport personnel record partout en France en 2022 sous l’effet de l’envolée des taux d’emprunt et de l’application stricte des normes d’octroi.

Rappelons que le taux d’endettement maximum reste à 35% en 2023, et comprend obligatoirement l’assurance emprunteur. Pour rester dans les clous, les ménages modestes, souvent des jeunes primo-accédants, doivent s’endetter sur les durées les plus longues, toujours dans la limite de 25 ou 27 ans selon la réglementation.

Ajoutons que l’épargne de précaution est le nouveau critère 2023 pour décrocher son prêt immobilier. Cette épargne résiduelle après projet peut atteindre une année de mensualités et vise à rassurer la banque quant aux capacités financières du ménage à faire face aux conséquences de l’inflation, notamment sur les coûts de l’énergie. Pour un jeune ménage tout frais arrivé sur le marché du travail, il apparaît compliqué de réunir et 20% d’apport personnel et un matelas de sécurité qui peut représenter jusqu’à 30% du montant du projet immobilier.

Pour le moment, la BdF s’oppose à toute révision des normes de protection, estimant que les modifier ne « changerait pas le cycle normal du crédit immobilier ». En désaccord avec Bercy qui admet un obstacle à l’accès au crédit, et donc à la propriété, de ménages pourtant solvables. À une crise de l’immobilier s’ajouteront dans peu de temps une crise du logement et une crise sociale, avec des ménages solvables obligés de rester locataires car empêchés d’acheter, ce qui alimente la tension sur le marché locatif.